Pigeon VoyageurColombier "Des Racines et des Ailes"
 
Vainqueur de la Finale de la Mondiale Course ROYE 2003
Champion de Fond Groupement Colombophile du Calvados 2007
Vainqueur de Tarbes 2003, Carcassonne 2003, Perpignan 2004, Pau 2009, Saint Gaudens 2011, Jarnac 2013 et Barcelone en 2008 : seul pigeon du Calvados rentré le soir du concours
1er As Pigeon Fédéral Jeunes 2014 avec la championne "TREVE"
13ème prix International PERPIGNAN 2015 sur 15.937 participants avec "MISTRAL" !...
 
 


En colombophilie, Bernard HINAULT & LUTIN D’ISIGNY n’existent pas.
 
 
Nos avons coutume d’essayer de rapprocher notre passe temps favori d’un autre sport nationalement connu comme le cyclisme ou les courses de chevaux, et pourtant, ce ne sont pas du tout à ces épreuves que je pense lorsque j’attends mes compagnons ailés.
 
En effet, nous ne pouvons comparer la colombophilie au cyclisme pour deux raisons évidentes. La première s’explique par le fait qu’en colombophilie, la course d’équipe n’existe pas. Vous n’imaginez pas un seul instant qu’une équipe de pigeons appartenant au même colombier travaille comme des équipiers du Tour de France, protégeant leur leader pour l’amener au mieux de sa forme dans les derniers kilomètres. Nous pouvons dire sans hésitation qu’en colombophilie, c’est la loi du chacun pour soi qui domine le peloton et rien d’autre.
 
La seconde raison, pour moi la plus importante, réside dans le fait que contrairement à ce que l’on pense, tous les pigeons voyageurs volent plus ou moins à la même vitesse sur l’ensemble du parcours. En effet, nous n’avons encore jamais vu un crack s’échapper du peloton « au train », en laissant ses adversaires sur place comme savaient le faire Bernard HINAULT, OURASI ou son illustre prédécesseur surnommé le « Globe Trotteur » : LUTIN D’ISIGNY. Il suffit de lever les yeux le dimanche matin pour ce rendre compte de cette évidence.
 
Ce n’est jamais la vitesse intrinsèque du pigeon voyageur qui fait la différence mais le chemin qu’il emprunte. Le classement des pigeons sur la vitesse propre serait-il donc une erreur monumentale ?
 

 Caméra

 

GPS

Pigeon voyageur muni d'une caméra pour filmer ce qu'il voit pendant son vol.   Pigeon voyageur muni d'un G.P.S. pour enregistrer sa position et retracer son parcours.

 
Compte tenu de ce que nous venons de voir, le calcul de la vitesse à laquelle vole chacun de nos pigeons est en effet une vaste fumisterie, car nos pelotons ailés ne s’étirent jamais en longueur mais en largeur. Une fois que les pigeons physiquement diminués au départ à cause de leur état de santé (voies respiratoires encombrées, entraînement insuffisant, plumage dégradé …) ont été décrochés, ce sont les pigeons les plus volontaires et les obstacles naturels du terrain qui vont diviser le peloton en plusieurs dixaines, voire quelques centaines de petits groupes.
 
Il s’agit à cet instant précis de disposer du pigeon le plus motivé pour que sa place dans le peloton lui permette de toujours sauter dans le « bon wagon », ou plus encore d’emmener ses congénères sur ses traces. La trajectoire de son groupe se rapprochera alors le plus possible de la ligne droite et donc du plus court chemin pour atteindre son domicile. Ses compagnons de route n’auront pas démérité sur le plan de la vitesse puisqu’ils voleront ensemble à la même allure pendant tout le parcours. Mais ils s’apercevront trop tard, lorsque le « leader du groupe » aura plongé sur sa propre trappe qu’ils leur faut encore aligner plusieurs kilomètres pour retrouver leur casier.
 
Et c’est ainsi que le 5, 10 ou 30 kilomètres qui séparent théoriquement les colombiers de nos compagnons de route (sur le papier) vont se transformer en 10, 20 ou 60 kilomètres et presque autant de minutes qui feront rager leur propriétaire et baisser leur moyenne … On comprend donc aisément que le calcul de la vitesse moyenne des différents pigeons est scientifiquement incorrect. Cependant, elle est par définition proportionnelle à la distance et hiérarchise tout de même nos pigeons dans le bon ordre, même si les données sont fausses.
 
C’est pourquoi, j’aimerai rapprocher notre sport non pas du cyclisme, mais des courses au large de bateaux à voile, sport dans lequel le choix de la trajectoire est souvent plus important que la vitesse pure des concurrents. C’est aussi dans cette discipline que le vent, la météo et les notions d’aérodynamisme sont les plus intéressants à étudier et pourront faire l’objet d’un prochain article.
 

Marc SPALART
Le « Thaon » de Lire, Juin 1996


 
Nos pigeons et la mer


 
Lors de mon précédant article, je vous indiquais que la colombophilie me semblait plus proche des courses au large que du cyclisme ou des courses de chevaux. Ce qui s’est passé le 27 juin dernier lors du concours de VITORIA International me confirme dans cette idée.
 
En effet, nous jouons depuis plusieurs années des concours au départ de l’Espagne, soit sur la côte Est comme BARCELONE qui nous pose le problème du franchissement des Pyrénées, soit plus à l’Ouest comme BURGOS ou VITORIA qui pour les pigeons bretons ou normands pose le problème du survol de l’Atlantique. Lorsque l’on étudie le déroulement de ces concours, on se rend rapidement compte que, en dépit des conditions météorologiques, la vitesse de vol calculée à l’arrivée du concours est presque toujours inférieure à nos prévisions. On peut affecter ce phénomène à la distance et donc à la fatigue des pigeons mais les vitesses atteintes dans les courses en plaine (à distances et  conditions météorologiques similaires) tendent à prouver que ce n’est  pas le cas.

Je pensais pour ma part que cette chute de la vitesse était plutôt révélatrice d’un rallongement de la distance, les pigeons étant contraints de longer la côte espagnole vers l’Est afin d’éviter de survoler l’Atlantique. Dans cette hypothèse, les 700 ou 800 km qui séparent le pigeon de son colombier se transforment en 750, 800, 850 voire 900km pour un oiseau qui refuserait de « prendre la mer ». Et la course se déroule alors en deux temps : un premier parcours pour atteindre SAINT JEAN DE LUZ puis en un concours de fond classique de SAINT JEAN DE LUZ au colombier.


Retour de Vitoria  

 

Dans cette hypothèse, deux solutions s’offrent à nos coursiers. La première 1 consiste à monter jusqu’à la mer au niveau de +/- BILBAO avant de bifurquer vers l’Est en direction de IRUN. La seconde 2 consiste à partir directement du point de lâcher vers SAINT JEAN DE LUZ en anticipant sur l’obstacle de la mer. Cette seconde stratégie est certainement la plus payante mais elle suppose que nos pigeons sachent qu’ils vont rencontrer un tel obstacle. C’est pourquoi, je penchais plutôt pour la première hypothèse.


Et bien le pigeon 161122-04 de Bertrand DULONG, colombophile à Roques dans le Calvados vient de me prouver que certains pigeons, manifestement plus volontaires que les autres, choisissent la troisième solution 3 qui consiste à « prendre la mer ». En effet, lâcher à VITORIA à 8h30 du matin le samedi, le 161122-04 allait rejoindre son colombier le dimanche en milieu de journée. Lors de sa prise en main, Bertrand aperçu un petit autocollant sur le pigeon comportant un n° de téléphone portable. Intrigué, notre amateur composa ce  n° qui le mit en relation avec Monsieur Jack DORE, propriétaire du magnifique voilier baptisé « CERISE ».


Le jour de notre VITORIA International, Monsieur DORE naviguait au large des Sables d’Olonne, à +-/15 miles des côtes françaises (soit à près de 25km de la plage) en direction de l’île de Ré. A 15h00, il vit soudain arriver et se poser sur son bateau après un premier atterrissage manqué, notre 161122-04, en bon état de forme et de plumage comme le montre les photos, mais terriblement assoiffé. Le pigeon de Bertrand pris le temps de boire longuement de l’eau douce et de se reposer avant de remercier son hôtelier et de repartir en direction des terres.

 
Les 3 hypothèses empruntées par nos pigeons    

 
Compte tenu de sa destination, il n’y a aucune de raison de penser que le pigeon venait des côtes françaises car dans cette hypothèse,  il n’avait pas lieu de prendre la mer à ce niveau du parcours. Son état de fatigue et la soif qu’il manifesta tendent à prouver qu’il venait plutôt du Sud donc de la côte espagnole. Si tel est bien le cas, il aura parcouru +/- de 300 km au dessus de la mer sans boire ni se reposer.
 
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir combien de pigeons optent pour cette solution, la plus payante mais aussi certainement la plus risquée car un certain nombre d’entre eux doivent périr en mer faute de trouver de l’eau douce ou un endroit pour se reposer quand les conditions météorologiques se dégradent au large. Seule la miniaturisation des G.P.S. embarqués pourra nous permettre de percer ce secret que les pigeons gardent en eux lorsqu’ils rejoignent leur colombier.

Le Dulong en Bateau
 
Bertrand DULONG tient à remercier très sincèrement Monsieur DORE, non seulement pour avoir désaltéré son crack pigeon mais aussi et surtout pour nous avoir transmis le récit illustré de ces magnifiques photographies qui nous ont permis de mieux comprendre le parcours de nos « voiliers du ciel ».

 
Marc SPALART

VOLER AVEC SES PIGEONS

Suite à la sortie en France au grand écran du formidable film sur le vol des oiseaux « Le Peuple Migrateur », Michel DEBATS, co-réalisateur avec Jacques PERRIN et Jacques CLUZAUD de ce chef d’œuvre, s’est penché sur le vol des pigeons de toutes races et sur le cas des pigeons voyageurs en particulier. L’un des centres d’élevage et d’entraînement des oiseaux (oies blanches, bernaches, pélicans, grues …) « acteurs » du film se trouvant à Bois Roger dans le Calvados, Michel DEBATS s’est adressé à Patrice CHOLET, Arlette & Michel MARIE et Marc SPALART pour lui fournir des jeunes à entraîner.


Une vingtaine de pigeonneaux ont ainsi été confiés au cours de la saison 2002, avant leur sevrage, à Marie Noëlle DIVET, ornithologue de la station, afin débuter leur imprégnation. Nourris manuellement jusqu’à l’âge du sevrage, puis élevés dans un colombier mobile de l’armée suisse à la station de Bois Roger, les pigeonneaux ont débuté leurs premiers entraînements avec un U.L.M. à la fin de la saison. Contrairement aux oies ou aux canards qui non seulement « reconnaissent et adoptent » l’U.L.M. comme un congénère mais le suivent au sol et en vol comme leur mère, les pigeons ne se sont pas attachés à l’U.L.M. au point de le suivre en vol. Néanmoins, la machine est devenue un objet volant familier qui permet de les approcher et de les filmer en vol ce qui va permettre d’approfondir considérablement les connaissances sur le retour de nos protégés.
 

Oies des neiges

Parallèlement, Michel DEBATS, André SAINT GERMES (pilote de l’U.L.M.) et Sylvie CARCEDO (caméraman) ont réalisé d’autres essais avec des pigeons appartenant à Patrice CHOLET, Jean Marie DUCHESNE et Marc SPALART afin de mettre au point les techniques de prises de vues en condition de concours. C’est à cette occasion qu’il m’a été donné de réaliser un rêve d’enfant : voler de Bois Roger à Fresné la Mère avec mes pigeons voyageurs. Pour un colombophile, c’est un moment extraordinaire que de se retrouver dans le ciel de la Normandie, à suivre caméra au poing jusqu’au colombier ses propres oiseaux, en étant affranchi de toutes les contraintes du sol et de la circulation.
     

 

Le 735 en vol

 

 A quelle altitude volent nos pigeons?

Cette expérience inoubliable s’est poursuivie par le concours du 15 septembre 2002 sur ASSE LE BOISNE au cours duquel plus de 60 amateurs du Calvados ont mis à disposition 1173 pigeons afin de recréer pour la société de production les conditions d’un véritable concours de pigeons voyageurs. Je remercie personnellement et au nom de toute l’équipe de GALATEE Films les amateurs qui, en dépit de la mue de leurs protégés et de la météo ont participé à ce concours d’automne et se sont vus récompenser par Michel DEBATS lors de la remise des prix du Groupement Colombophile du Calvados.

Quels sont les enseignements que nous ont procurés ces premiers vols ?


 
Nos pigeons volent à très basse altitude, le plus souvent inférieure à 100 mètres sol, voire inférieure à 50 mètres sol ou encore moins, à tel point que l’U.L.M. qui les suit est obligé de reprendre de l’altitude pour éviter les grands arbres ou les lignes à hautes tension en dessous desquels passent parfois les pigeons. Cela explique la perte d’un certain nombre de voyageurs de grande valeur. En effet, lorsqu’un pigeon pourtant très expérimenté, est amené à croiser des lignes électriques, des lignes téléphoniques, des routes et autoroutes sur lesquels évoluent des voitures et des camions à grande vitesse, il n’a pas toujours le réflexe de reprendre assez d’altitude pour éviter l’accident.   Il semble que plus les pigeons se sont bien orientés et plus ils sont proches de leur but, plus leur altitude diminue. Au contraire, de jeunes pigeons peu expérimentés ou des pigeons lâchés par de mauvaises conditions d’orientation vont prendre plus d’altitude au départ, le temps de trouver la direction de leur colombier. Lorsque après quelques kilomètres d’hésitations ils semblent avoir enfin trouvé leur destination, l’altitude s’amenuise progressivement et les pigeons entament leur retour le plus près possible du sol qui doit leur apporter de la portance par la chaleur qu’il dégage et les protéger des vents de face ou latéraux.


 Lorsqu’ils abordent une petite vallée qui descend et remonte quelques centaines de mètres plus loin, nos pigeons suivent le relief, restant à altitude constante, au lieu de voler à « l’horizontale ». Cela veut dire que lors des retours de concours, nos pigeons se rallongent la distance qui les sépare de leur colombier non seulement dans le plan parce qu’ils ne volent pas en ligne droite, mais aussi dans l’espace parce que leur trajectoire « épouse » le relief du sol. La vitesse calculée pour établir le classement sous estime donc très nettement la vitesse réelle de nos coursiers. Il suffit pour s’en rendre compte de quitter des yeux quelques fractions de secondes les pigeons puis de prendre plusieurs dizaines de mètres de retard et l’U.L.M. aura bien du mal à refaire son retard.

Un certain nombre de pigeons se détachent d’eux même du groupe. Il ne s’agit pas uniquement de pigeons plus faibles ou en mauvaise santé qui se laissent distancer, ce sont aussi des pigeons qui, semble t’il prennent la tangente ou choisissent une autre direction volontairement et avec détermination. Ils n’atteignent pas pour autant leur colombier en tête comme j’ai pu le vérifier avec mes propres pigeons.

Les premiers enregistrements G.P.S. relevés en U.L.M. vont nous donner des précisions sur le chemin effectivement emprunté par les pigeons. C’est pour moi le sujet le plus intéressant pour les amateurs et qui n’a pas fini de nous surprendre. L’optimum serait de disposer de G.P.S sur les pigeons eux-mêmes ce qui permettrait de suivre la progression des oiseaux pendant les courses sans risquer de les perturber avec l’U.L.M. C’est la prochaine étape sur laquelle nous allons travailler la saison prochaine avec le Dr Hans Peter LIPP de l’Université suisse de Zürich et son collègue italien, le Dr Giacomo DELL’OMO.

Marc SPALART



 



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